Appelée couramment « guérit-tout », la valériane est une plante que les anciens avaient pour habitudes d’ajouter à toute préparation thérapeutique afin de s’assurer de son efficacité. Son nom latin Valeriana repens ou Valeriana officinalis a pour racine valere qui signifie « bien se porter », ce qui indique clairement son utilisation première.
Historiquement, on retrouve des traces de son usage chez Pline l’Ancien, contre les contractures, chez Hildegarde de Bingen, contre la goutte et la pleurésie. Par la suite, on l’a retrouve prescrite par les italiens au XVIème siècle dans les cas d’épilepsie et utilisée comme fébrifuge durant le second Empire.
En phytothérapie, c’est le rhizome, les racines adventives et les stolons qui sont utilisés, à noter que l’utilisation séparée des différents principes actifs s’est montrée totalement inefficace face à celle de leur synergie. Sa forme galénique est aussi délicate : il semblerait que la valériane fasse partie des plantes qui sont plus efficaces si elles sont préparées alors qu’elles sont encore fraîches (l’extrait glycériné de plantes fraîches est donc ici très intéressant).
Certains principes actifs (comme les valépotriates) se perdent dans les solutions exclusivement aqueuses (teintures, tisanes). Aussi, les extraits proposés dans des compléments et produits naturels de santé sont généralement titrés en acide valérénique, les valépotriates étant considérés comme cytotoxiques s’ils sont concentrés. Précisons les principes actifs que contient cette plante :
- des sesquiterpènes (acide valérénique, acétoxy-valérénique et hydroxy-valérénique). L’acide valérénique constitue un ligand pour les récepteurs au GABA et stimule la libération du neurotransmetteur en inhibant la GABA-transaminase.
- des cétones (valéranone).
- des alcools (valérianol).
- des aldéhydes (valérénal).
- des iridoïdes (surtout des valépotriates, dont le valtrate et ses dérivés). Les valépotriates agissent par leur liaison aux récepteurs aux benzodiazépines (molécules tranquillisantes qui procurent à la plante ses propriétés anxiolytiques) mais sont malheureusement instables et vite dégradées par les sucs gastriques (leurs produits de dégradation, les baldrinals, sont actifs par contre).
- des flavonoïdes (apigénine, linarine), qui se lient aux récepteurs centraux.
- une huile essentielle (contenant majoritairement des monoterpènes, puis quelques monoterpénols, sesquiterpénols, sesquiterpénone et acides).
Il est intéressant de noter que la valériane contient aussi une petite quantité d’acide gamma-aminobutyrique (GABA), de la glutamine, et de l’arginine en grande quantité, des lignanes et des traces d’alcaloïdes. La valériane est surtout reconnue comme plante somnifère et pour ses propriétés calmantes et hypnotiques. Elle est généralement prescrite lors d’insomnies d’endormissement ou de sommeils troublés. On lui attribue des qualités antidépressives légères, anxiolytiques, myorelaxantes et spasmolytiques. Elle sera intéressante contre les troubles neurovégétatifs et psycho-émotionnels (hypocondrie, stress prolongé, déséquilibre gynécologique, hyperémotivité, sentiment d’être débordé/à bout …). Elle s’associera bien avec la mélisse ou le millepertuis ; avec l’aubépine, il semblerait qu’elle combatte les palpitations. Hormis l’inconfort d’utilisation lié à son odeur forte et caractéristique, on ne lui connait pas d’effets indésirables et elle est généralement très bien tolérée. D’ailleurs, plusieurs études ont été conduites chez les enfants pour des troubles de l’endormissement et les dyssomnies. En revanche, un surdosage peut provoquer de l’asthénie, de l’hypotension, des douleurs abdominales et la sensation de tête lourde. Aussi, la valériane est déconseillée lors d’allaitement et pour les femmes enceintes (pas assez d’informations), et lors d’opérations (la plante ralentit le système nerveux central, ce qui peut se combiner aux effets de l’anesthésie ou des traitements de l’opération). Il est important de connaître les interactions médicamenteuses qui la concernent. Ainsi, il faudra éviter de la prendre avec d’autres sédatifs, calmants ou hypnotiques (barbituriques, benzodiazépines…), le risque étant que les effets se cumulent ou se contrecarrent. De même en association avec l’alcool ou l’effet sédatif sera exacerbé. Par ailleurs, il ne faut pas l’utiliser trop longtemps : une cure de trois à quatre semaines, renouvelable, semble idéale. Les dosages sont généralement de l’ordre de 400 à 900 mg de poudre de valériane ou d’extrait titré en acide valérénique, avec une prise 1 à 2 heures avant le coucher. Il existe peu de données sur des utilisations prolongées (> 8 semaines). Les règles de la phytothérapie sont la prudence, l’étude soignée de la plante, l’échange avec votre médecin, la qualité du produit final, et la valériane n’y échappe pas ! Plante de votre humeur et amie de Morphée, elle trouvera facilement une place dans votre étagère pharmaceutique, à condition d’humblement aborder son potentiel et sa complexité.